En 2023, les Rencontres AJC ont eu lieu du lundi 4 au mercredi 6 décembre. L’occasion, comme chaque année de mêler rencontres professionnelles, conférences, temps de travail, et concerts pour les adhérents AJC et les professionnel·les du jazz et des musiques improvisées.
Retour à la Dynamo de Banlieues Bleues à Pantin pour deux soirées de concerts – comme un signal fort en ces temps difficiles pour le secteur de la diffusion de nos musiques. Le lundi 4, dès 17h30, la traditionnelle présentation des lauréats Jazz Migration a fait monter sur scène Prospectus, Adèle Viret Quartet, Inui, et Petite Lucette. Le premier concert de cette soirée a été enregistré et diffusé en direct sur France Musique dans l’émission Open Jazz d’Alex Dutilh, et l’ensemble des concerts ont été enregistrés par France Musique pour diffusion en différé dans Jazz Club présenté par Nathalie Piolé.
Léa Ciechelski – Saxophones, flûtes / Henri Peyrous – Saxophones, clarinettes / Julien Ducoin – Contrebasse / Florentin Hay – Batterie
Léa Ciechelski, Henri Peyrous, Julien Ducoin et Florentin Hay se sont rencontrés lors de sessions autour de quelques grandes figures du jazz avant d’inventer leur propre musique, laquelle se caractérise par une clarté remarquable, alliée à un son acoustique brut et à une certaine épure. Les morceaux de ce quartet sans leader ni harmonie reposent sur de multiples dispositifs d’écriture, mais tous sont traversés par un lyrisme, une expressivité et une sincérité singulières. Tout bouge dans cette formation de solistes : les formes, les thèmes, la place de chacun… Suivant les impulsions organiques de l’improvisation, la parole circule, rebondit et s’élance pour créer un moment de partage ludique et, surtout, libre.
Adèle Viret – Violoncelle / Oscar Viret – Trompette / Wajdi Riahi – Piano / Pierre Hurty – Batterie
Pour composer la moelle de cette première aventure en quartet, Adèle Viret a choisi de revenir au piano de son enfance, pour faire fête à l’ordinaire, au coutumier. À partir de cet élan spontané, elle a tissé un canevas autour duquel mêler son violoncelle et la voix de trois musiciens qui lui sont chers. S’y déploie une atmosphère chambriste, au sein de laquelle partage des rôles, relais, permutation sont aussi indispensables qu’une généreuse dose de malice et d’audace. On y navigue en tendresse entre des horizons qu’on dirait baignés de rivages méditerranéens, ou d’autres où le ciel se fait plus incertain, tempétueux peut-être. Et au gré des éclats résonnent en nous marées, grands espaces, et autres roulez-jeunesse !
Valeria Vitrano – Chant / Clémence Lagier – Chant / Maya Cros – Claviers / Dimitri Kogane – Batterie
Depuis 2019, INUI s’ingénie à ne rien réinventer mais à s’inventer dans tout. Inspirées des chants inuits ou pygmées, les voix s’inventent et se recomposent. Duel et fusions vocales, basse synthétique imperturbable, batterie soulevant ses ostinatos. Le quartet met le feu avec Incendie, prend l’air avec Aria et chamanise avec Primitives. Jusqu’au premier prix du concours international du Crest Jazz Festival, en août 2022. Jusqu’à ce tout premier EP, Murmuration, paru en mars 2023 sous le label bordelais Mazeto Square. Jusqu’à intégrer la sélection Jazz Migration #9 la même année. Jusqu’à aujourd’hui, où tout se recompose, encore et toujours, dans une transe pétrie d’onirisme et de rythmes effrénés.
Clémentine Ristord – Saxophones / Sylvain Fouché – Piano, claviers / Pierre-Antoine Despatures – Contrebasse / Manon Saillard – Vibraphone / Mathieu Imbert – Batterie
Petite Lucette nous donne une musique qui secoue le sec en nous, arrose les colères endormies et incendie nos tristesses. Ce sont cinq musicien·ne·s virtuoses de la chute, qui font naître de leur rythmicité intense les joies de surgissements vifs. Grâce à un instrumentarium évolutif, qui joue à confondre et affirmer les timbres, ils déploient de puissantes polyrythmies au service de compositions narratives, précises et libres. Leur présence vivante arrache les portes et défait les formes, laissant entrer un frisson de free, un souffle de silence, dans l’épaisseur bariolée d’un jazz touché de monde et de présent, vibrant dans la sincérité de l’improvisation et le goût du jeu collectif.