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Quel impact carbone pour les lieux et festivals de jazz ?

Une feuille de route pour le secteur du Jazz
face à la crise climatique

4 lieux, 5 festivals en France et en Europe : Le Périscope / L’Estran / L’Astrada / Bimhuis (NL)
Jazzdor / Les Détours de Babel / Oslojazz (NW) / Jazz à Luz / Jazz dans le Bocage

Méthodologie

Les chiffres de l'étude

Comparatif lieux et festivals

Les déplacements

Quelles suites ?

Références

Il est aujourd’hui scientifiquement établi que le changement climatique est la résultante d’émissions anthropiques de gaz à effet de serre et que ces futures émissions détermineront la modification du climat à venir. Afin de ne pas dépasser une augmentation de 1,5°C d’ici à 2100, nous devons freiner rapidement nos émissions pour atteindre zéro émission nette en 2050. À la suite de la démarche vers une Transition Bas Carbone initiée par le Périscopei et de la présentation début 2022 de sa stratégie carboneii, une nouvelle coopération entre le Périscope et le réseau AJC s’est engagée en 2021 pour imaginer une étude carbone, mesurer le poids de notre secteur dans le changement climatique et construire une trajectoire commune pour le champ du jazz et des musiques improvisées.

Conduite grâce à un cofinancement européen, cette étude carbone Périscope-Footprintsi et AJC vise à déterminer les bilans carbones de différents acteurs (membres du réseau ou partenaires), ensuite d’identifier les leviers de réduction les plus pertinents pour chacun d’entre eux et de manière plus générale, d’obtenir des stratégies reproductibles pour les acteurs du secteur.

Depuis une dizaine d’années, le secteur culturel a en effet pris progressivement conscience de son impact sur les crises climatiques au niveau mondial. Des acteurs pionniers, comme Julie’s Bicycle en Angleterre ou Creative Carbon Scotland en Ecosse accompagnent les acteurs et actrices dans sa décarbonation, à l’aide notamment d’outils de calcul carbone dédiés au secteur culturel et d’études régulières. En France, la réflexion avait commencé dans le milieu du spectacle vivant au début des années 2010, avec la réalisation de quelques bilans carbone pour quelques théâtres et grandes salles mais elle s’est surtout accélérée depuis 2020, avec la publication du rapport du Shift Project, une volonté générale de réorganiser les pratiques post-Covid 19 afin qu’elles soient fondamentalement plus durables et enfin un accès facilité à des financements nationaux et européens pour la réalisation de bilans carbone.

Cependant, malgré de nombreuses expérimentations et un certain nombre d’études, le secteur culturel, et musical en particulier, manque toujours aujourd’hui d’une approche chiffrée et scientifique, afin de pouvoir mesurer et bien comprendre les enjeux liés à ses activités. Les législations européennes et françaises commencent à évoluer, notamment en termes d’obligation d’affichage d’impacts, comme les différentes pressions, ajoutées à la reconnaissance du rôle prescriptif de la culture doivent nous amener à anticiper ces questionnements et à lancer notre transition au plus vite pour contribuer à la lutte contre la crise climatique.

Le Périscope, porteur du projet de coopération européenne Footprints et le réseau AJC affirment ici leur volonté d’offrir au secteur une nouvelle méthodologie, impliquant tous les maillons de l’écosystème des musiques actuelles – producteur·rice·s, artistes, diffuseurs, pour réfléchir collectivement et faire avancer de manière concrète la transition bas carbone du monde du jazz. 

Cette étude devra permettre dans un premier temps au secteur du jazz et des musiques improvisées de comprendre ses facteurs d’émission, puis d’examiner comment les réduire. Elle a pour visée de fixer un ensemble d’objectifs clairement définis et mesurables que le secteur dans son ensemble pourrait adopter afin de tenir son rôle dans le respect de l’Accord de Paris sur le changement climatique, grâce à une réflexion nationale nourrie de comparaisons à l’échelle européenne ainsi qu’un regard équilibré sur le secteur de la diffusion du jazz en France et en Europe.

Méthodologie

Un échantillon de lieux et festivals qui représente la diversité de notre secteur

Pour mener cette étude à bien, AJC a fait appel à la Société de Conseil ANOVA, spécialisée en environnement et en développement durable – RSE. Avec la contribution du Périscope, relais local du projet, ont été définis le périmètre de l’étude ainsi qu’un panel le plus représentatif possible du secteur de la diffusion des musiques jazz et improvisées en France et en Europe, parmi les membres du réseau et leurs partenaires européens.

L’échantillon est constitué de :

  • 4 lieux (salles de tailles moyenne à grande) et 5 festivals (de capacités petite à moyenne)
  • 7 structures françaises et 2 structures européennes (Norvège et Pays-Bas)
  • 4 structures en zone rurale et 5 en milieu urbain ou péri-urbain
  •  

Il sera fait référence aux lieux et festivals par l’utilisation de la lettre (de A à I) leur correspondant dans ce tableau.

Nom Code Typologie Localisation (pays et typologie) et nombre d'habitant·e·s par aire urbaine
Le Périscope
A
Salle, moyenne
FR, centre-ville - métropole : 1 400 000 hab.
L’Estran
B
Salle, moyenne
FR, rural - village : 12 000 hab.
L'Astrada
C
Salle, moyenne
FR, rural - village : 1250 hab. - communauté de commune 7000 hab.
Bimhuis
D
Salle, grande
NL, centre - métropole : 1 350 000 hab.
Jazzdor
E
Festival, moyen
FR, centre - grande ville : 500 510 hab.
Les Détours de Babel
F
Festival + salle, moyen
FR, centre - grande ville : 450 000 hab.
Oslo Jazz Festival
G
Festival, moyen
NO, centre - métropole : 690 000 hab.
Jazz à Luz
H
Festival, petit
FR, rural - village : 1000 hab.
Jazz dans le Bocage
I
Festival, petit
FR, rural - itinérant sur plusieurs villages / moyenne de 1000 hab.

L’année de référence choisie est l’année 2019. En effet, suite aux conséquences de la crise sanitaire depuis mars 2020, elle représente jusqu’alors la dernière année d’activité et de fréquentation « normales » pour les structures, et permet donc d’extraire des données relativement fidèles à une exploitation habituelle.

Une méthodologie qui prend en compte la particularité de nos activités ; notamment les déplacements de notre public et les tournées des artistes programmé·e·s

La méthodologie bilan carbone, publiée par l’ADEME en 2004, permet de mesurer les émissions de gaz à effet de serre (GES), c’est-à-dire l’impact sur le changement climatique de toute structure. Elle prend en compte l’ensemble des gaz à effet de serre définis par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour l’ensemble de ses flux, et ses champs d’application sont divisés en 3 catégories d’émissions appelées scopes 1, 2 et 3. La fonctionnalité de l’outil bilan carbone et sa relative flexibilité permettent ainsi de pouvoir l’adapter aux spécificités propres à nos secteurs d’activité.

La première phase de notre travail de méthodologie a ainsi consisté à lister et à examiner l’ensemble des sujets qui touchent de près ou de loin notre secteur, en fonction des différents scopes décrits ci-dessous, pour ensuite en écarter certains peu pertinents. C’est ainsi que, du fait de leur impact négligeable en termes d’impact carbone, les intrants comme les papiers et les activités numériques (mails, internet…) ont été considérés comme trop faibles pour être comptabilisés.

Nom Description Postes d’émissions inclus Postes d’émissions écartés
Scope 1
Emissions provenant des actifs détenus ou exploités, p.ex. chauffage au fioul, chaudière à gaz, véhicules appartenant à la structure, générateurs, etc.

– Combustion de gaz naturel
– Fuites fugitives de gaz frigorigènes

Scope 2
Emissions provenant de l’énergie que vous achetez (qui est produite ailleurs), par exemple l’électricité.
-Electricité

Scope 3

Emissions provenant de tout le reste – voyages professionnels, biens et services achetés, transport et distribution, alimentation, traitement des déchets, investissements, déplacements des publics, etc.

– Utilisation d’électricité en amont
– Restauration, supports publicitaires, numérique
– Parc informatique (pour les salles) / Immobilier (amortissement, pour les lieux A, B et C, seuls concernés)
– Déplacement des artistes / des professionnel·les salarié·es / des professionnel·le·s visiteurs
– Déplacements des publics
– Déplacements domicile-travail des équipes permanentes et bénévoles

– Emballages / déchets (faibles comparés aux autres postes)
– Transport de marchandises en amont/ fret des œuvres (faible dans la plupart des cas)
– Actifs en leasing en amont (peu concerné)
– Fin de vie (peu concerné)
– Diffusion numérique (faible comparée aux autres postes)

Cette phase a permis de mettre le doigt sur certaines difficultés et d’assumer certains choix afin d’être le plus cohérent possible. Il a, par exemple, été compliqué d’intégrer le bâti et son immobilisation dans le cas des festivals qui pour la grande majorité n’ont pas de lieux. A l’inverse, l’ensemble de l’écosystème a été comptabilisé pour les « lieux” répondant à l’étude, ce qui n’autorise pas de comparaisons directes entre les deux types de diffuseurs.

Un fichier de collecte a ensuite été créé, pour guider les salles et festivals dans la récupération des données de la manière la plus coordonnée et cohérente possible, sous la forme d’un questionnaire à remplir avec données cumulées pour 2019, l’année de référence :

  • – Achats d’électricité, de gaz naturel
  • – Estimation de la consommation papiers / cartons, des repas distribués et de l’activité numérique
  • – Estimation des différents déplacements (publics en saison, publics hors saison, artistes, équipes régulières, bénévoles, visiteurs, fret amont / aval)
  • – Bilan des immobilisations au 31 décembre : bâtiments détenus (salles A, B et C) + parc informatique
Déplacement des artistes : une grande précision de la mesure pour un enjeu essentiel des différents projets

En ce qui concerne le déplacement des artistes, un outil de calcul a été créé, permettant de recenser tous les déplacements pour chaque date de concert programmé :

La formule de calcul (à calculer séparément pour chaque moyen de transport, en cas de modes hybrides au sein de l’équipe), permet l’addition de 2 types de déplacements :

  • – Le trajet aller-retour depuis la ville d’origine : Nombre d’artistes x distance A/R estimée / nombre d’étapes sur la tournée
  • – Les déplacements entre les étapes de tournée : Nombre d’artistes x distance moyenne estimée entre 2 étapes
Déplacement des publics : une analyse statistique au plus proche de la réalité des territoires
  • En ce qui concerne le déplacement des publics, un outil de calcul de distances recensant tous les déplacements pour chaque typologie de déplacement (urbain, régional, national, international) a également été transmis aux structures participant à l’étude. La méthode de calcul, pour chaque typologie de déplacement, permet de déterminer :
  • – La distance moyenne parcourue par typologie de déplacement
  • – La part modale, c’est-à-dire la part prise par les différents modes de transports (marche, vélo, bus, métro, TER, train, TGV, voiture…), en % des km parcourus
  • – Le calcul par mode de transport et par typologie de déplacement : nombre de spectateurs * distance moyenne parcourue * % de part modale = nombre de passagers.km

Il est à noter ici que malgré la feuille de collecte de données et leur vérification, il demeure une part d’incertitude sur les distances totales calculées, liées à deux facteurs principaux :

  • – Incertitude sur la distance moyenne par typologie de déplacement : données statistiques ou estimations par les différentes salles/festivals
  • – Incertitude sur la part modale par typologie de déplacement (données statistiques ou estimations par les différentes salles/festivals)

Cet aspect souligne l’importance de mener des études de la mobilité des publics, par site ou typologie de site, et ce afin de pouvoir affiner les données, et donc les émissions qui leur sont liées.

 

Une fois l’ensemble des données recueillies, un temps de l’étude a ensuite été consacré à la vérification des données, pour ensuite être traitées et pouvoir procéder au calcul des résultats. Le calcul du bilan GES a donc ensuite été effectué, à l’aide de la feuille de calcul de l’Association Bilan Carbone v8 (2020), prenant en compte les facteurs d’émission (coefficients permettant de convertir les données d’activité en émissions de GES) 2018-19iii. Ce travail préparatoire a été réalisé entre avril 2021 et novembre 2021.

C’est cette phase initiale et les échanges réalisés entre décembre 2021 et aujourd’hui qui font toute la richesse de ce type d’étude partagée : comprendre une problématique en mettant en lumière les différentes réalités et obtenir la mesure des choses.

Les chiffres de l'étude

Les bilans carbone des différents festivals et salles nous permettent d’observer de grandes disparités entre les sites. Pour l’année 2019, celui-ci varie de 39t CO2eq pour un festival itinérant en milieu rural à 546t CO2eq pour une salle en milieu urbain.

Nom Typologie Emissions GES 2019 totales Nombre de spectateur·rice·s par an Données manquantes
Le Périscope
Salle, moyenne
63 tonnes CO2e
11 498
L’Estran
Salle, moyenne
141 tonnes CO2e
10 031
L'Astrada
Salle, moyenne
193 tonnes CO2e
13 663
Bimhuis
Salle, grande
546 tonnes CO2e
50 659
Jazzdor
Festival, moyen
90 tonnes CO2e
8 366
Hors repas et lieux de diffusion
Les Détours de Babel
Festival + salle, moyen
68 tonnes CO2e
20 857
Hors repas et lieux de diffusion
Oslo Jazz Festival
Festival, moyen
318 tonnes CO2e
20 146
Hors repas et lieux de diffusion
Jazz à Luz
Festival, petit
77 tonnes CO2e
7 543
Hors lieux de diffusion
Jazz dans le Bocage
Festival, petit
39 tonnes CO2e
5 409
Hors lieux de diffusion

En moyenne, les sites français étudiés ont un bilan d’environ 100t CO2eq, ce qui reste un niveau relativement faible d’émissions. À titre de comparaison, depuis la dernière mise à jour d’octobre 2021 par le Ministère de la Transition écologiqueiv, l’empreinte carbone moyenne en France en 2019 – dernière année de calcul avant le COVID-19 – s’élève à 9,0 tonnes de CO2eq par personne.

La moyenne des sites européens s’élève à 430 t CO2eq, soit environ 4 fois plus que les sites français. Cette différence s’explique en partie par la part peu carbonée du mix électrique en France. En effet, si le recours au nucléaire présente d’autres enjeux environnementaux, il n’est que très peu émetteur de carbone, contrairement au mix énergétique d’autres pays européens, dont la Norvège et les Pays-Bas, qui dépend encore beaucoup des énergies fossiles (gaz naturel, pétrole, charbon) et est donc fortement émetteur. Les sites européens observés ont également un grand nombre d’événements et de spectateur·rice·s, et les déplacements de ces dernier·e·s en voiture et des artistes en avion impactent fortement leur bilan. Si les Pays-Bas sont très bien desservis par les réseaux ferrés, les liaisons avec la Norvège se font plus en avion, et la taille du pays induit de longues distances à parcourir.

Une fois les valeurs brutes énoncées, il est pertinent de les ramener à une unité de référence commune à tous, et ce afin de pouvoir amener quelques premiers éléments de comparaison. Trois référentiels ont été choisis : le budget annuel, le nombre de jours d’activité et le nombre de spectacles. D’autres normalisations sont également possiblesv.

Les sites les plus impactant sont ceux pour lesquels on observe le plus de déplacements en voiture des publics, ou le moins de jours d’exploitation. On n’observe en revanche pas de proportionnalité directe entre le budget annuel d’une structure et son bilan carbone : son intensité varie entre 0,1 et 0,4 t CO2eq par k€ de budget.

Comparatif Lieux Festivals

Les 4 salles observées ont en moyenne un bilan carbone de 236t CO2eq, avec les répartitions suivantes pour chacune d’entre elles :

Pour les lieux, on observe un impact majeur des déplacements (principalement des publics par la route et des artistes en avion). Les immobilisations, qui incluent celles du bâti et dont le calcul est basé sur les travaux réalisés sur les 20 dernières années, ont également une part importante. Les intrants en revanche (repas, papiers et activités numériques principalement) ne représentent qu’une part infime des bilans.

Répartition des émissions GES - Lieux
Infogram

Les 4 festivals observés ont en moyenne un bilan carbone de 118t CO2eq, avec les répartitions suivantes pour chacun d’entre eux :

Pour les festivals, on observe également sans surprise un impact majeur des déplacements, principalement des publics en voiture. L’impact de l’énergie 1+2 est relativement faible, car les données n’étaient pas disponibles pour le festival norvégien, et que les autres festivals fonctionnent en 100% électrique (mix fortement décarboné, comme mentionné précédemment). Les impacts hors énergie ne s’appliquent pas à cette typologie de sites. Les impacts des intrants restent relativement mineurs (ils concernent à 62% l’alimentation, à 31% le papier et à 7% les activités numériques). Les immobilisations ne concernent quant à elles que le matériel informatique.

 

Sans que cela ne mette en opposition les lieux et les festivals, ce dernier point souligne l’impact du bâti, car cette question est très importante pour les lieux, et par ricochet pour leur impact énergétique.

Répartition des émissions GES - Festivals
Infogram
Moyennes des dépenses énergétiques des lieux et festivals
Infogram

Pour les lieux français, l’immobilisation compte en moyenne pour 19% du bilan.

L’analyse demande donc à être complétée du côté des festivals, avec une collecte de données à affiner sur les bâtiments dont ils font usage.

Les déplacements

Sans surprise, les déplacements se retrouvent au cœur de cette collecte et constituent, comme c’est majoritairement le cas pour les festivals et lieux de diffusion du secteur musical, la plus grande source d’émission de nos activités. En moyenne, ils représentent 83 % des bilans carbone de l’étude (69% pour les salles, 94% pour les festivals).

Il est cependant très important de distinguer le déplacement des artistes de celui des publics pour correctement estimer les impacts et activer les leviers adéquats, tout en préservant le cœur de l’activité. La question de la contextualisation, notamment autour des « zones blanches » et du report modal, est cruciale lorsque l’on observe le panel en milieu rural.

Le déplacement des artistes (comprenant également les professionnel·le·s et voyages des professionnel·le·s salarié·e·s) représente 27 % du total des déplacements. 67 % des déplacements sont dus aux publics et 6 % concernent les déplacements des salariés entre leur domicile et leur travail.

Part du déplacement en % dans les émissions de GES en tCO2
Infogram

En milieu rural, le déplacement des publics couvre 74 % des déplacements totaux (effectués majoritairement en voiture), contre 17 % pour les artistes et 9 % pour les trajets domicile-travail. En milieu urbain, 62 % des déplacements sont dus aux publics, 34 % aux artistes, et 4 % restent encore dus aux trajets domicile-travail.

Le comparatif des émissions des modes de transports proposé par l’ADEME, notamment pour comparer l’impact de l’avion par rapport à la voiture et au train, permet de comprendre le fort impact de l’aérien sur une étude comme la nôtre.

 

Et si la voiture domine les déplacements des publics, l’avion domine celui des artistes, à l’exception de l’Estran (peu d’artistes internationaux en 2019).

Émissions de CO2 des transports de passagers sur des distances nationales
Infogram

Certaines salles et festivals étant très éloignés des infrastructures de transports en commun, le report modal de l’avion ou de la voiture vers le train est donc souvent impossible ou très difficile.

Déplacement des artistes (proportion par moyen)
Infogram

Quelles suites ?

Des moyens d'actions et des études à poursuivre

Cette première étude souligne les besoins qui persistent en termes de recueil de données, et d’affinage de celles-ci.

Elle permet d’esquisser quelques pistes de travail et de leviers d’actions :

Sources d'émissions CO2 Description de la piste d'action Difficulté de mise en oeuvre Budget estimé Réduction CO2 estimée pour le poste concerné
Transports des publics
Proposer une plate-forme de covoiturage, pour diminuer de 30 à 50% le nombre de voitures (3 passagers/voiture)
Moyen
5k €
-20 à -30% sur le poste « déplacements publics »
Transports des artistes
Pour les artistes nationaux & EU, remplacer 50% des déplacements voiture, ou avion par des déplacements en train
Moyen
Augmentation significative des coûts de transport (train VS voiture)
-30% à -40% sur le poste « déplacements artistes »
Eviter les exclusivité et mutualiser les tournées d’artistes étrangers avec d’autres structures OU proposer + de dates / lieu
Difficile
NC
-20% à -30% sur le poste « déplacements artistes »
Énergie
Changer de fournisseur d’électricité, vers un mix encore plus décarboné
Facile
Coût : +5 à +20% par kWh
-50 à -80% selon mix choisi sur le poste « électricité » et/ou « gaz »
Baisser le chauffage en salle de 2°C en hiver, et la climatisation de 2°C en été
Moyen
Consommation : -5 à 10%
-10% sur poste « électricité » et/ou « gaz »
Achats
Réduire de 20% la communication papier
Moyen
-20% coûts en papier
-20% sur le poste « papier »
Mettre à disposition davantage de repas végétariens (2/3 du total) & locaux
Facile
-20% coût des « repas »
-50% sur poste « repas »
    • Les salles, les festivals et les producteur·rice·s peuvent agir collectivement sur la mobilité des artistes. En revanche, leurs moyens d’actions restent limités en ce qui concerne la mobilité des publics, le poste d’émission qui est le plus important. Les collectivités locales et les politiques publiques doivent agir dans ce sens pour accompagner la décarbonation du secteur.
    • Les diffuseurs disposent de différents leviers d’actions pour agir sur les entrées suivantes : publics, achats, énergie, artistes, alimentation. Ces mesures de décarbonation sont également présentées dans le rapport du Shift Project, avec des potentiels de réduction chiffrés.
  • Celles-ci offrent des pistes de travail intéressantes pour le secteur, même si elles ne sont pas toutes forcément adaptées à nos réalités de terrain, comme par exemple en ce qui concerne le fretvi.

  • Pour le réseau AJC et le Périscope, le travail de recueil et d’affinage de données doit être poursuivi, notamment autour des déplacements des publics (au travers d’études de mobilité), des utilisations de lieux par les festivals, et de l’alimentation.
Des actions collectives pour les mondes du jazz et l'ensemble du secteur culturel

Afin d’atteindre leurs objectifs de transition et d’opérer les transformations qu’elle requiert, les acteurs et actrices de l’écosystème musical vont être amené·e·s à modifier directement les pratiques dans leurs domaines respectifs. En travaillant collectivement, en cooperation avec des réseaux et organisations partenaires, grace aux ressources existantes,  l’objectif est de renforcer les démarches existantes et développer des plans d’action pour accompagner et mettre en œuvre la décarbonation du secteur. L’ensemble de l’écosystème a un rôle à jouer, dans un engagement des politiques publiques et des autorités locales à travailler en ce sens. Le rôle prescriptif de la culture, les expérimentations et la créativité qu’elle porte sont un atout indéniable qui doit être exploité, de concert avec la sortie du secteur de la pandémie.

Ce travail partagé soulève des enjeux, connectés à un cadre politique que nous devons saisir collectivement  : 

          • – Approfondir la connexion entre la taille de nos équipements, les enjeux de proximité que nous portons avec les questions environnementales 
    • – Lier de manière plus prononcée écologie et économie sociétale aux questions culturelles afin de maîtriser nos coûts carbone pour maintenir une efficience sociétal/culturel essentielle aujourd’hui.

Ces travaux engagés démontrent une nouvelle fois l’importance de l’observation afin d’établir des stratégies cohérentes. Il est aujourd’hui essentiel de connaître et d’assumer les aspects de nos projets et notamment leurs impacts écologiques. Et les lieux, les événements que nous portons, adaptés en taille, aux territoires, au maillage de ceux-ci, impliqués dans un partage de tournées, défendant la plus large diversité artistique et le partage de la musique avec le plus grand nombre, et au coût carbone relativement faible, nous paraissent aujourd’hui être une des solutions au respect de nos engagements écologiques.

Gwendoleen Sharp

références

[i] Le Périscope (FR) et International Jazz Platform (PL) ont également initié le Projet Footprints, financé par le programme Europe Créative, qui a pour objectif de travailler sur les dimensions écologiques, économiques et sociales des tournées en Europe

[ii] Stratégie carbone du Périscope à ce lien

 [iii] Hypothèses principales :

– Electricité : mix français EDF 2019 ou mix national 2019 pour pays étrangers
– Gaz naturel : mix moyen national (consommation)
– Mix modal déplacements : hypothèses par salle ou chiffres officiels régionaux/nationaux (incertitude assez élevée)
– Déplacements en voiture : voiture, motorisation moyenne 2018 France continentale
– Déplacements en avion : avion long/court courrier, avec trainée, France continentale
– Déplacements en train régionaux : TER 2019 Traction moyenne OU TGV France 2019
– Immobilier : hypothèse bâtiment béton (amortissement 20 ans, ou 50 ans si spécifié) ou structure légère métallique (amortissement 5 ans)

[iv] https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-du-climat-2022/pdf/chiffres-cles-du-climat-2022-integral.pdf

[v] Pour d’autres normalisations possibles, voir p.17 du document stratégie carbone du Périscope

[vi] Voir le rapport du Shift Project « Décarboner la Culture », pp. 50 à 72

Footprints est un projet financé par l’Union européenne dans le cadre du programme Creative Europe

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