Jazzdor Strasbourg – 10 au 24 novembre

Cette édition invite à la découverte, à l’écoute, au partage. La cartographie des artistes invité·e·s marque la porosité des frontières que permet la démarche artistique, et ce sont une vingtaine de nationalités qui seront représentées. En provenance d’Europe, d’Asie, des Etats-Unis comme du Moyen-Orient : en deux semaines, plus de cent-cinquante musicien·ne·s feront résonner l’Alsace et l’Allemagne de toutes les sonorités du jazz, hors des sentiers battus.

L’énergie que déploie JAZZDOR pour ouvrir les espaces trouve sa plus belle expression dans la pérennité du dispositif JAZZPASSAGE, qui fête en 2023 ses 20 ans : créer la rencontre entre Français·e·s et Allemand·e·s, publics comme artistes, donne chaque année l’occasion de quatre soirées, deux à Strasbourg et deux à Offenbourg. Au cœur de ces échanges, comme une métaphore filée, le sextet franco-allemand du saxophoniste Daniel Erdmann signe, avec sa Thérapie de couple, une œuvre toute en symboles qui s’inspire du dialogue, parfois complexe, entre nos deux pays voisins.

Quitte à franchir les limites des pays et des continents, JAZZDOR part encore plus loin et embarque les spectateur·trice·s dans les étoiles : le Planétarium du Jardin des Sciences de l’Université de Strasbourg est un partenaire privilégié de cette 38e édition, et permettra au public de vivre des concerts inédits, en pleine immersion dans l’espace, pour un voyage en musique dans le ciel étoilé. Six projets ont été choisis pour cette expérience hors du commun, pour les concerts de fin d’après-midi, et seront proposés également aux plus jeunes en temps scolaire.

Du solo à l’orchestre : il n’y a pas de FESTIVAL JAZZDOR-STRASBOURG sans pluralité de formes et de formats, à découvrir tout au long de ces deux semaines.

Le trio américain guitare-contrebasse-batterie du grand Bill Frisell ouvrira ainsi le festival, et les trios
de Samuel Blaser (avec la présentation de l’album Roundabout/Triple Dip sorti chez Jazzdor Series) et de Pierre Boespflug, Couleur·s trio éveilleront les après-midis du premier week-end. La seconde soirée accueillera le projet Ex Machina des vingt musicien·ne·s de l’Orchestre National de Jazz et concepteurs scientifiques de l’IRCAM, tandis que le dimanche, la création franco-libano-indonésienne Polyphème de Wassim Halal mènera sur scène le Gamelan Puspawarna. SAN sera également à l’honneur pendant le festival, à l’occasion de la sortie de son album HIBIKI sur le label Jazzdor Series : avec des musiciennes de deux générations différentes, vivant dans trois pays différents mais toutes originaires du Japon, ce trio rend évident que le jazz fait fi de toutes les lisières.

Le festival est aussi l’occasion de mettre en lumière les générations de créateur·trice·s d’une musique qui n’a de cesse de se réinventer tout en défendant son héritage. Parmi les plus jeunes, le trio avant-gardiste suisse UASSYN sera programmé au Blue Note Café, et Pascal Niggenkemper avec sa création Le faux Miroir, le duo L’Oriole de Stéphane Clor et Clara Lévy, ou encore Florentin Ginot avec Bach | Biber interrogeront leurs instruments acoustiques et leur prolongement électronique.

Au registre de la transmission, côté américain, le concert de clôture à La Briqueterie de Schiltigheim sera un hommage au grand pianiste McCoy Tyner disparu en 2020, et le duo David Murray / Kahil El’Zabar explorera les formes de la musique noire depuis l’Afrique de l’esclavage jusqu’aux Etats-Unis du XXe siècle. Côté européen, Lucian Ban, Mat Maneri et John Surman font se rencontrer le folklore roumain et l’improvisation dans Transylvanian Folks Songs, alors que le quintet India de l’incontournable Louis Sclavis invite au voyage, mais pas nécessairement dans le pays qu’on aurait imaginé…

C’est donc à un festival en perpétuel mouvement dans le temps et dans l’espace que Philippe Ochem convie le public en novembre, pour découvrir ou retrouver, entendre ou réécouter, le jazz d’aujourd’hui.