LES CONCERTS JAZZ MIGRATION
Lundi 4 décembre, montaient sur la scène de la Dynamo de Banlieues Bleues, les groupes lauréats Jazz Migration #9 Prospectus, Adèle Viret Quartet, Inui et Petite Lucette. Le concert de Prospectus a été enregistré et diffusé en direct dans l’émission Open Jazz d’Alex Dutilh, et les concerts suivants diffusés le samedi 9 décembre dans le Jazz Club de Nathalie Piolé. Pour celles et ceux qui n’ont pu être parmi nous, ou qui voudraient revivre cette soirée dédiée aux Jazz Migration, le podcast des deux émissions est disponible sur le site de France Musique.
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LES CONCERTS FRANCO-EUROPÉENS
La soirée du mardi mettait à l’honneur des projets mêlant artistes français·es et européen·nes – comme une manière de poursuivre notre ouverture européenne et d’y accompagner la création jazzistique ! Trois concerts exceptionnels avec Daniel Erdamnn Sextet « Thérapie de Couple », « Shadowlands », et le trio Karja/Renard/wandinger. France Musique était à nouveau présent parmi nous à la Dynamo de Banlieues Bleues pour capter les concerts. Le premier a été diffusé dans l’émission Open Jazz d’Alex Dutilh, et les deux suivants seront bientôt diffusés dans le Jazz Club de Nathalie Piolé.
Daniel Erdmann Sextet « Thérapie de Couple » dans
Open Jazz
Starting Block – Trois groupes franco-européens – 30 ans de l’AJC
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Toutes les photos de cette soirée sont de Maxim François.
RÉINVENTER COLLECTIVEMENT LA DIFFUSION DE LA MUSIQUE
Une ouverture par Olivier Soubeyran, professeur à l’Institut de Géographie Alpine de l’Université de Grenoble et membre du Laboratoire PACTE du CNRS.
Pour cette dernière journée des Rencontres 2023, AJC organisait une table ronde autour du thème “Réinventer collectivement la diffusion de la musique”. Et c’est Olivier Soubeyran, dont les récents travaux portent sur l’adaptation au changement climatique en aménagement, qui a ouvert cette séance.
Le thèse est le suivante : la pensée aménagiste, à l’origine ordonnatrice et sûre d’elle-même, ancrée dans la haine de la surprise, est devenue plus modeste, plus politique que technique, s’ouvrant à une rhétorique de savoirs partagés et de co-productions de projets qui s’inscrit davantage dans une logique de l’improvisation, semblable à celle observée dans le jazz. En effet, la crise environnementale, plus encore le changement climatique, impose en aménagement d’agir dans l’incertitude, d’intégrer l’ignorance et la surprise comme condition de l’action.
Il faut désormais « s’attendre à l’inattendu » et « penser à l’impensable »
Le chercheur a relevé le défi de présenter en une heure, les grandes lignes de sa réflexion, transdisciplinaire et pionnière, sur les conditions à partir desquelles l’improvisation peut être un principe structurant de la pensée aménagiste.
Table ronde modérée par Charlotte Bartissol, directrice de l’association ProQuartet, Centre européen de musique de chambre
Nous vous proposons ci-dessous un aperçu de cette table ronde dont l’intégralité des échanges a été publiée dans la dernière édition du Jazz Mig Mag.
Comment les questions écologiques traversent-elles les situations du monde de la musique et comment transposer nos initiatives individuelles en action collective ?
La parole a d’abord été donnée à Patrick Comoy, haut fonctionnaire adjoint à la transition écologique et au développement durable au ministère de la Culture. Petit service du secrétariat général du ministère de la Culture, son rôle est de faciliter la circulation de l’information entre le ministère et les structures culturelles, et d’encourager la réflexion autour du rôle qu’a à jouer le secteur culturel dans la transition écologique. Pour P. Comoy, la coopération est essentielle pour répondre aux grandes crises que nous traversons (climatiques, des ressources, et de la biodiversité).
« Créer les conditions de la coopération, l’encourager et la fluidifier, c’est un travail que nous portons. »
La parole a ensuite été donnée à Frédérique Ménard, directeur et fondateur de Zutique Productions à Dijon. Connue d’abord pour son festival, le Tribu Festival qui brasse plusieurs esthétiques musicales, Zutique est avant tout une structure culturelle qui accorde une forte importance à la question territoriale dans l’élaboration de ses projets.
« Nous considérons le mot territoire sous son angle le plus polysémique : politique, économique, social, historique..etc.»
Dans des logements sociaux du quartier prioritaire des Grésilles à Dijon, Zutique a lancé un projet de mixité d’usage ayant pour but de créer du lien entre les habitant·es de ceux-ci et les projets culturels mis en place. Est née la Coursive Boutaric, coursive de trois étages devenue une structure adhoc accueillant des espaces de travail pour la trentaine de structures membres du collectif.
- Par ailleurs, après un premier projet monté avec Dijon Habitat, c’est avec Voies Navigables de France que Zutique a opéré en réhabilitant une maison éclusière se trouvant le long du canal de Bourgogne pour y accueillir 42 formations musicales sur 16 week-end d’activité, d’avril à septembre, le but étant de travailler sur une saison inversée afin de limiter les dépenses énergétiques liées au chauffage l’hiver. Le nom de ce lieu, « Au Maquis », dont l’intention est de faire éclore la jeune création contemporaine dans ce qu’elle a de plus innovant et sensible, et de penser collectivement la société de demain, en reliant l’art et la société. Au Maquis, une grande attention est portée aux questions de consommation énergétique (limitation du chauffage, accessibilité au lieu uniquement à pied ou à vélo) de sobriété alimentaire (80% de la production alimentaire servie sera végane, 95% proviendra du circuit court) et de biodiversité (installation d’un verger conservatoire).
Mathilde Coupeau, directrice de Jazz à Poitiers, a enchaîné sur la crise de modèle économique que traverse la SMAC.
« Nous nous inscrivons dans un modèle économique proche des musiques contemporaines et sommes extrêmement subventionnés et très peu en capacité de générer des recettes propres. Avec la succession de crises ces dernières années, nous arrivons au bout de ce modèle économique. »
N’ayant plus les moyens d’organiser des concerts, la SMAC a suspendu l’entièreté de la saison 2024 et son festival Bruisme s’est vu maintenir quatre temps forts, le but étant de produire moins mais dans de bonnes conditions.
C’est ensuite Philippe Gautier, musicien et secrétaire général du SNAM-CGT, qui s’est exprimé. Il a évoqué la vision réelle et la vision fantasmée du métier de musicien·ne. Pour lui, la structuration de ce-dernier se fait davantage autour des lieux de proximité tels que les cafés, bars, et restaurants considérés comme des maillons essentiels du développement artistique et culturel des territoires, que des salles de plus de 200 personnes.
« Les personnes qui font le métier jouent toute leur vie dans des salles de moins de 200, et ce réseau a besoin d’être soutenu ! »
Afin de favoriser l’offre artistique dans ces lieux, la SNAM-CGT a travaillé à la création des GIP Cafés Cultures qui assurent la gestion d’un fonds dédié au soutien de l’emploi artistique et technique.
Laurence Loyer-Camebourg, directrice de la culture dans le Département de la Manche et directrice artistique du festival “Les Traversées Tatihou, festival des musiques du large”, a ensuite pris la parole pour souligner l’engagement du département de la Manche dans la démarche des droits culturels. La concertation, la coopération, la participation, le fait de ne pas faire “pour” mais bien “avec”, sont des démarches essentielles des droits culturels. Elle a par la suite évoqué les questions d’adaptation auxquelles doit répondre le territoire du département de la Manche du fait de la montée des eaux et des tempêtes récentes. Pour Laurence Loyer-Camebourg, la formation est un enjeu crucial pour accompagner l’ensemble des acteur·trices et habitant·es du territoire dans les transitions RSE et écologiques.
« Dans toutes nos conventions, nous posons ces questions et ces ambitions par écrit. Et nous le faisons en co-construction avec les acteur·rices, afin que ces questions ne restent pas lettre morte et soient suivies d’effets. »